Rolf : pour l’amour du funk
|Rolf est auteur, chanteur, compositeur et bassiste. Il est Malgache. Il a du talent. Il est original. Fallait-il d’autres raisons pour lui trouver une place dans notre rubrique Talents ? Certainement pas !

Rolf est reconnaissable à son look mais surtout à un son. Le son funk !
A mi-parcours d’une année passée en France, Rolf, le plus funky des gasy, parle de lui, de ses débuts tardifs dans la musique, de sa colère contre le milieu artistique de Mada, et du trio qu’il forme désormais avec sa femme et sa basse.
♦ Malagasy Club de France : Quand vous étiez enfant, dans votre famille, personne ne jouait de la musique. Qui donc vous a transmis le virus ?
Rolf : « En 1992, j’étais étudiant en biologie, à Tours, quand j’ai répondu à une petite annonce : un groupe cherchait un chanteur, j’ai donc commencé à chanter. Mais rapidement, je me suis senti bête à être le seul sans rien dans les mains. J’ai donc décidé d’apprendre la basse. »
♦ Pourquoi la basse ?
« Sans doute parce que mon grand-frère avait toujours écouté beaucoup de funk, une musique dans laquelle cet instrument prédomine. »
♦ Et vous avez pris des cours ?
« Oui. Une heure trente ! Mais pas avec n’importe qui : avec Olivier Carole, le bassiste de Ben l’Oncle Soul. Le reste du temps, j’ai appris tout seul. J’avais vingt-quatre ans, et depuis, je n’ai jamais arrêté de jouer ! »
♦ Et vous avez appris à jouer d’autres instruments ?
« Non. Je kiffe la basse et je ne joue de rien d’autre. Même pas de la guitare. »
♦ Vous maîtrisez tellement cet instrument que vous lui faites tout jouer : du funk, mais aussi du rock, de reggae, du jazz… A chaque fois, on reconnaît la patte et le style Rolf sans pour autant pouvoir le définir…
« Oui, c’est vrai. C’est d’ailleurs mon grand problème ça. A chaque fois qu’un journaliste m’interroge sur mon style, je ne sais pas quoi lui répondre. J’adore le funk, mais j’aime aussi toutes les autres musiques. Au fond, ce qui fait mon style à moi, c’est peut-être la couleur malgache que je donne à mes chansons. Mais je ne sais pas en fait. Peut-être… »
♦ Toujours à propos de style, vous êtes très remonté contre avec les chansons qui cartonnent à Mada. Pour quelles raisons ?
« A Madagascar, des artistes qui ont du talent, il y en a plein. Et pas que dans la musique : dans tous les domaines. Mais on ne les voit pas, on ne les entend pas. Pourquoi ? Parce que les places sont occupées par ceux qui ont de l’argent et qui nous matraquent avec leurs clips. Ceux-là n’ont pas de talent. Ils ont de la tune, un ordi, une chanteuse et se disent « on y va ». D’autres ne font que ça de toutes leurs vies et n’ont jamais rien en retour. Parce que si tu veux un article dans la presse, tu dois payer. Parce que si tu veux ta chanson à la radio, il faut payer. Parce que si tu veux ton clip à la télé, il faut payer ! Toujours payer ! »
♦ C’est confirmé, vous êtes vraiment en colère…
« Oui parce qu’à cause de ce système pourri et de ce matraquage permanent, les gens n’arrivent plus toujours à faire la différence entre la bonne musique et le grand n’importe quoi. Il suffit d’écouter ce qui passe… »
♦ Depuis septembre, vous êtes loin de tout ça…
« J’étais retourné vivre à Madagascar entre 2000 et 2014, parce que j’avais besoin de me ressourcer. J’étais devenu très européen et musicalement, j’avais besoin de retrouver mes racines malgaches. Mais en septembre, avec Imiangaly, ma femme, nous avons emménagé en France, à Clermont-Ferrand. Pour un an, le temps qu’elle suive une nouvelle formation professionnelle. Nous retournerons à Mada en juillet, mais d’ici là, j’essaie de jouer un maximum ici, en France, et de prendre des contacts pour la suite. »
♦ Justement, avec Imiangaly, vous formez un couple depuis 2009 mais aussi un groupe depuis un an. Pouvez-vous nous en dire davantage ?
« Quand j’ai rencontré Imiangaly, elle était choriste. Depuis, nous nous sommes mariés mais nous continuons la musique ensemble. Il y a un an, nous avons créé note propre duo : MI MO (nos deux surnoms accolés). Du coup, on est tout le temps ensemble, que ce soit en concert, en répétitions ou en voyage, et ça, c’est vraiment génial. »
♦ De quoi parlent vos chansons ?
« Avant, mes chansons parlaient beaucoup d’amour, de tristesse, de solitude. J’étais un peu torturé ! Mais maintenant, mes paroles évoquent surtout ma colère contre les hommes politiques de mon pays : ces milliardaires qui ne font rien ! Les chansons d’amour, j’ai arrêté. Parce que de ce côté-là, je vais beaucoup mieux ! »
MI MO (Rolf et Imiangaly) sont en concert ce soir et demain à Paris. Les détails sont à lire dans la page événements.
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