Les premières fois de Raboussa !

Dans l’histoire du rap malgache, Raboussa occupe déjà une place de choix. Dans le genre, c’est un pionnier, une star et un modèle. Mais son histoire à lui, ce poète n’a pas fini de l’écrire. Pour la première fois, poussé par sa notoriété, il entame demain (samedi 14 mars 2015) une tournée en France. De quoi fêter dignement les quinze ans d’une carrière exemplaire. L’événement valait bien un coup de chapeau de notre part, et une interview de la sienne.

Raboussa, une vie de rap

Raboussa, une vie de rap

Raboussa s’apprête à jouer en France pour la première fois de sa carrière. Et vu qu’on est curieux, on a voulu connaître toutes les autres premières fois de sa vie de rappeur. Il nous répond avec sincérité, plaisir et parfois même, avec  émotion.

Raboussa, te rappelles-tu de la première fois où…

… tu as entendu du rap

« C’était à l’age de l’adolescence, en 1989. J’habitais à Anosibe, l’un des bas quartiers d’Antananarivo. A cette époque, j’adorais déjà la poésie et l’art de la rime. Alors quand j’ai entendu des trucs comme MC Solaar ou Alliance Ethnik, j’ai accroché tout de suite ! »

… tu as rappé

« C’était à une à époque où, à part Dahop,  personne ne chantait du rap à Madagascar. Mais moi je m’y suis mis. C’était en 1991. Madagascar était en crise donc je m’en rappelle très bien. »

raboussa… tu as écrit un texte

« Je voulais écrire pour parler de mes rêves et de ma liberté. Mon premier texte s’intitule Enjehina fa tsy tratra (NDLR : qu’on pourrait traduire par attrape moi si tu peux, ou cours toujours). »

… tu es monté sur scène

« C’était en 1998 à Mahajanga dans un hotel-restaurant très connu à l’époque : le Bina Beach. J’avais chanté avec Dahop, et 18,3. Bien sûr, j’étais le plus jeune de tous et je me sentais bien petit parmi tous ces gens. Je m’en rappelle comme si c’était hier ! X-tah me disait : « tu es super mon p’tit Gars ! ». Je me souviens aussi avoir chanté avec Taratra (Rise) un rap un peu Bordélique pleins de gros mots, mais j’ai pas raté un seul texte. Au départ, j’étais mangé par un trac fou qui me donnait un mal de ventre pas possible. Mais dès que j’ai commencé, c’est sorti tout seul (rires) ! »

… tu as enregistré une chanson

« C’était Tsiky sy Tomany (en Français : « Sourire et Larme »). C’est une chanson qui évoque l’époque de l’esclavagisme. J’admire les gens qui ont souffert de cette atrocité. J’admire leurs rêves de liberté, leurs espoirs, la force de leur imagination qui les aidait à se sentir libre. C’est pour cette raison qu’à la fin de mon album, je dis cette phrase : « Hitsiky tsy hitomany » (rigolons et arrêtons de pleurer). »

… tu as entendu un de tes titres à la radio

« Evidemment ! C’était justement Tsiky sy Tomany que j’avais lancée sur Radio Antsiva. Ce soir là j’étais dans mon lit et j’attendais avec impatience que la radio passe ma chanson.  J’avais peur qu’elle change d’avis ! Finalement, quand je l’ai entendue, j’ai sauté de mon lit ! J’étais plein d’émotions. Et quand la chanson s’est terminée, j’ai eu hâte que ça recommence ! Radio Antsiva était à l’époque une des rares stations de Tana qui passait des émissions Rap à destination des jeunes un peu branchés de la capitale. »

Raboussa, une vie de rap… tu as touché un cachet

« C’était pour mon deuxième spectacle. L’organisateur m’avait demandé combien je voulais. Moi, je lui avais répondu une petite somme, histoire de me lancer et c’est comme ça que le marché s’est fait. J’ai pris du plaisir à chanter, et quand j’ai touché l’argent, je me suis senti honoré. C’est grâce à ce cachet que j’ai pu me payer une session en studio d’enregistrement (et que j’ai pu me payer une bière ! (rires). C’est un moment de grande fierté ! »

… tu as tourné un clip

« C’était en 2002, en pleine crise politique ! Le prix du carburant avait doublé mais je devais absolument aller d’Antsahabe à Anosibe ! Du coup, ça m’a coûté très cher. Mais je tenais beaucoup à faire le clip à cet endroit parce que c’est là bas que mon placenta a été enterré. Je suis vraiment très attaché à Anosibe malgré tout ce que les gens pensent de ce quartier. Ça a duré deux jours mais le résultat a été au top j’ai kiffé ce moment ! »

Raboussa, une vie de rap

Raboussa, une vie de rap

… quelqu’un t’a reconnu dans la rue

« A partir de 2002, les jeunes un peu branchés ont commencé à me reconnaître. Mais c’est vraiment depuis 2006 que des gens me reconnaissent partout où je vais et m’appellent Razoky Raboussa (« le grand frère Raboussa ») en signe de respect. Même des grandes personnes aux cheveux blancs m’appellent ainsi. Ça, ça me touche vraiment énormément … »

Question bonus : A part le concert de samedi, ce sera quoi ta prochaine première fois ?

« Nous allons sûrement profiter de la tournée pour tourner un clip. Ce sera le premier réalisé hors de Madagascar ! « 


Le Malagasy Club de France souhaite une encore longue carrière à Raboussa. Une carrière à la Mahaleo tiens, puisque le rappeur a ce groupe comme modèle ! Et bon séjour en France.

Dates de sa tournée française :

- le 14 mars au Dunya (13 rue de Fer 77176 Savigny-le-Temple), 
- le 27 mars au Mans
– le 04 avril à Vichy

Réservez vos places au 06 59 50 09 36

Page Facebook de Raboussa


Propos recueillis par Felana Leclercq-Ramaroson