Née en France, Fanny Dattée voulait renouer avec Mada. La photo l’y a aidée !

Pas facile de renouer avec ses racines quand on ne les a jamais côtoyées de très près. Mais Fanny Dattée en avait la volonté chevillée au corps. Depuis toujours. Alors elle a réussi, à sa manière et avec art ! Tandis que son exposition photos consacrée à Madagascar sera mise à l’honneur par le festival Africarjac du 23 au 26 juillet, elle a accepté, pour nous, de revenir sur son parcours et son histoire.

fanny dattée

Les habitués du Malagasy Club de France ont déjà croisé le nom, les poèmes et les photos de Fanny Dattée. Normal, elle en est une membre active et enthousiaste et n’hésite jamais à partager sa passion pour Madagascar.

Cette passion, Fanny l’a héritée de ses parents, Malgaches tous les deux. Du coup, bien que née en France et en dehors des communautés gasy, elle a toujours eu en elle cette curiosité et cette attirance naturelle pour l’île de ses ancêtres. « Madagascar a toujours été en filigrane de ma vie. Et depuis mon adolescence, c’était carrément devenu un objectif« .

Madagascar obsède toute la jeunesse de Fanny Dattée jusqu’à la guider dans ses choix professionnels : « J’ai entamé des études de droit dans l’idée d’un jour aider là-bas…« 

Décidée, elle veut à tout prix tisser des liens concrets entre elle et ses origines. Mais, à sa grande surprise, ces liens ne seront pas juridiques… mais artistiques.

En effet, quand, en mai 2008, Fanny saute enfin le pas et monte dans l’avion pour Madagascar, ce n’est pas le Dalloz qu’elle prend sous le bras… mais un appareil photo. Tout le temps de son périple, il sera son compagnon, son carnet de voyage.

(photo Fanny Dattée)

(photo Fanny Dattée)

Ce premier séjour était placé sous le signe du tourisme. Mais il a été bien plus que ça : «  J’ai découvert le pays, j’en suis tombée amoureuse, j’ai rencontré des  gens, ma famille. J’étais euphorique car j’avais le sentiment de retrouver mon identité, de recoller les pièces manquantes d’un puzzle. En fait, c’était comme des retrouvailles avec les quelques éléments de culture malgache que ma famille m’avait transmis.« 

A vrai dire, l’expérience est si forte que Fanny décide de la renouveler dès le mois de décembre de cette même année 2008 . Toujours son appareil photo à portée de main, elle se fond cette fois dans la culture malgache et en savoure toutes les merveilles… tout en réalisant, à 28 ans, ce qui la sépare définitivement de celle-ci : 

« Je me suis rendu compte à quel point j’étais européenne, française, du sud ouest de la France. J’ai pris conscience des différences de notions comme la ponctualité ou l’anticipation. Ce n’est évidemment pas la façon de faire et de vivre des Malgaches qui m’a irritée ou surprise. C’est plutôt le fait de prendre conscience que j’aurais beaucoup de mal à me détacher de ma façon de vivre en tant qu’occidentale. J’ai réalisé que ma culture primait sur mes racines. »

(photo Fanny Dattée)

(photo Fanny Dattée)

Ce témoignage honnête et réaliste d’une amoureuse de Madagascar, on le retrouve dans les photos de Fanny. Des photos en noir et blanc, simples, franches et pleines d’histoires.

Fanny Dattée n’était pas partie à Mada dans le but d’en faire une expo. Mais elle s’est prise au jeu… jusqu’à y ajouter ses mots : « J’écris depuis plus longtemps que je ne photographie et je ne veux pas dissocier l’un de l’autre. Mon projet à plus long terme est d’ailleurs de faire un livre audio qui retracerait les photos et les textes que j’ai écrits et qui seraient lus et chantés en français et en malgache. »

Ces images, ces poèmes, et par eux, toute la relation qui peut exister entre une Malgache de France et Madagascar, voilà ce que l’exposition d’Africarjac propose de voir. Il semblerait qu’une visite s’impose !

Fanny Dattée


Et comme on ne pouvait pas conclure autrement que par un poème de Fanny, en voici un particulièrement approprié à cet article. Il s’intitule Tendres Racines. Beaucoup de malagasy de France devraient s’y retrouver…

Mes tendres racines

Ma vie avait ce point,

Point d’interrogation.

La question,

Peu de réponses,

Un écho qui raisonne,

Le besoin de savoir,

Elucider l’identité.

La question qui lancine,

L’appel de ses racines.

Alors partir,

S’envoler vers ceux qui ont été,

Ceux qui ont planté Les graines de la destinée,

Ceux qui ont enraciné

Le roman des origines. M

a famille qui me fascine,

Les histoires déterrées, ses secrets, ses épines

L’aubépine pour apaiser,

Moi qui aie récolté les arbres et les fleurs

Le baobab en guise de cœur.

Depuis ma vie a ce point,

Point d’exclamation,

Je sais d’où il vient,

Je sais d’où je viens,

De ces tendres racines

Aussi tendres que subtiles.

Le jardin a grandi,

Le printemps a fait son nid.

Ils seront deux mes petits bourgeons,

A s’envoler,

Découvrir l’origine,

L’inéluctable provenance

De leurs Tendres racines.


On peut retrouver Fanny sur son site et sur le MCF ici, ici, et ici.