Anne-Marie Randriamanandraitsiory, « zanatany » de France

Anne-Marie Randriamanandraitsiory n’a que trente ans mais occupe déjà d’importantes responsabilités professionnelles et associatives : chef de projet web sur la côte d’Azur, elle est également présidente de l’antenne niçoise des Dirigeants commerciaux de France (DCF). Si nous devions employer des termes typiquement français, nous dirions de ce parcours de réussite qu’il est celui d’une « fille d’immigrés » exemplaire. Mais dans ce petit portrait, préférons le style malgache : pour le MCF, Anne-Marie Randriamanandraitsiory est tout simplement une « enfant du pays », une « zanatany » de France.

Anne-Marie Randriamanandraitsiory

Anne-Marie Randriamanandraitsiory, représentant les DCF à un salon

A Madagascar, celui qui est né sur l’île de parents étrangers est appelé zanatany : enfant du pays. La langue malagasy pouvait-elle désigner de façon plus belle et plus accueillante ces nouveaux arrivants ? Peu probable : le mot est superbe ! Malheureusement, en France, il n’a pas sa réciproque. On préfère utiliser des termes plus techniques, et donc plus stigmatisants du style « enfant d’immigré » ou, « d’origine étrangère », ou « issu de l’immigration ».  « Enfant du pays »  désignant au contraire celui qui est né et à grandi dans la région où ont vécu ses ancêtres depuis des générations. Mais au diable les habitudes sémantiques : Anne-Marie est bien une zanatany de France : née en France, elle a grandi dans un environnement familial malgache* tout en s’intégrant mieux que parfaitement dans le pays où ses parents* ont choisi de poser leurs valises.

« Ma vie, je l’ai construite ici »

Anne-Marie Randriamanandraitsiory« Je suis né et j’ai grandi dans la culture occidentale, il n’y a pas de doute,  Bien sûr, mes parents m’ont transmis quelques habitudes malgaches. Sur le plan culinaire notamment : le riz et le voanjobory font naturellement partie de mes habitudes et je suis incapable de me servir d’une casserole normale vu que j’utilise toujours les marmites en alu ! Mais ma vie, je l’ai construite ici et c’est ici que mon avenir se trouve. »

Forte de cette certitude, Anne-Marie Randriamanandraitsiory a pu tracer sa route avec conviction et sans détour. Dès l’âge de vingt ans, alors qu’elle n’en a pas encore fini avec ses études, elle décide de s’impliquer sur le plan associatif en rejoignant les DCF en 2005. « J’étais la lauréate d’un concours organisé par les DCF de la région Auvergne. C’est comme ça que j’ai fait la découverte de cette association et que tout a commencé. » Depuis, l’enfant du pays a gravi quelques échelons supplémentaires. Au départ simple adhérente des DCF Nice Côte d’Azur, elle rejoint le comité directeur en 2009, devient secrétaire générale en 2011, puis présidente en décembre dernier.

Anne-Marie RandriamanandraitsioryCette belle et incontestable ascension confère à Anne-Marie Randriamanandraitsiory un légitime sentiment de fierté. « Je trouve ça plutôt flatteur, notamment parce que je suis l’une des plus jeunes à occuper ce poste en France, mais aussi parce que 78% des commerciaux de France sont des hommes ! »

Cette fierté a un prix : « En moyenne, je consacre peut-être entre quatre et cinq heures par jour à ma mission de présidente. C’est très prenant ». Mais au fait, cette mission, en quoi consiste-t-elle ? « Le but des DCF est d’encourager l’échange de bonnes pratiques entre les commerciaux, de développer le réseau et de favoriser les contacts. Mon rôle est de donner un maximum de visibilité aux DCF, de recruter de nouveaux membres, d’organiser chaque mois un nouvel événement : une conférences un déjeuner, une visite d’entreprise… »

Anne-Marie Randriamanandraitsiory et Madagascar

Anne-Marie RandriamanandraitsioryL’engagement d’Anne-Marie Randriamanandraitsiory à la présidence des DCF Nice Côte d’Azur n’est pas une sinécure. D’autant que ce n’est pas son activité principale : depuis septembre, elle est chef de projets web et marketing pour une nouvelle entreprise en ligne, Eventiko.com. « C’est la première plateforme web de commercialisation d’offres événementielles packagées. On permet à nos clients de simplifier leur organisation de réunions, séminaires, roadshows ou team buildings… »

Alors que sa carrière n’en est encore qu’à ses débuts, son CV est déjà bien fourni : Anne-Marie Randriamanandraitsiory est une enfant du pays qui fait bouger la France. Mais son ambition et sa réussite ne sont pas incompatibles avec l’attachement qu’elle ressent toujours pour Madagascar. « La dernière fois que j’y suis allée, je devais avoir quatorze ans. Ça fait trop longtemps. J’aimerais y retourner. Pas pour y vivre, mais au moins pour y passer des vacances et voir la famille. »


⌈Anne-Marie Randriamanandraitsiory a aussi une troisième casquette, plus personnelle celle-là : la chanson⌉

Anne-Marie Randriamanandraitsiory

*Précisions : la maman d’Anne-Marie Randriamanandraitsiory est une métisse franco-malgache née à Fianarantsoa. Son papa est malgache, il est né à Antananarivo.