Soma Salegy ou la fierté malgache aux mains des métisses !
Soma Salegy, c’est trois métisses malgaches qui portent haut les couleurs de leurs origines dans toute la France. Voilà qui méritait largement une interview et notre coup de Chapeau !
Sophia, (à gauche) et sa soeur Nirina, du groupe Soma Salegy
Soma Salegy est un groupe de danse. Sophia, l’une de ses fondatrices, répond à nos questions.
Malagasy club de France : Des bretonnes qui créent une troupe de danse salegy, ça surprend ! Comment vous est venue cette idée ?
Sophia : « Je fais partie depuis longtemps d’une association : Vonjy Madagascar Côtes d’Armor. Cette association organise souvent des fêtes et fait venir des danseurs à ces occasions. Une année, avec ma sœur Nirina, nous nous sommes motivées et on s’est dit que nous allions nous-même danser ! C’était en 2003, j’avais quinze ans. »
Soane, du groupe Soma Salegy
Mais on ne s’improvise pas danseuse de salegy, si ?
« Exact. C’est pour ça que nous avons fait appel à Angélique une professeur de danse. Sa spécialité, c’est la danse modern-jazz, mais comme elle était originaire de Madagascar, elle a pu nous aider. »
C’est à ce moment qu’est né votre groupe Soma Salegy ?
« Oui. C’est une idée que nous avons eu avec notre professeur et notre cousine Soane qui nous avait rejointes. Le but de ce groupe est de faire connaître la danse malgache à travers la France et d’effacer les préjugés négatifs qu’il peut y avoir autour du salegy. «
De quels préjugés parlez-vous ?
« Le salegy est souvent mal vu. C’est parfois considéré comme une danse sexy, voire vulgaire. Nous, en la mettant en valeur, en la rendant accessible, en choisissant de beaux costumes et de jolies chorégraphies, nous démontrons que c’est surtout une belle danse. »
Et ça marche ?
« Oui. Angélique est retournée vivre à Madagascar mais le groupe continue ! Nous sommes demandées pour des tas d’événements : à des mariages, pour des maisons de retraite, dans les boites de nuit, au RNS… Depuis 2003, je serais incapable de vous dire le nombre de spectacles que nous avons donnés ! »
Quel est votre meilleur souvenir ?
« La Parisienne, en 2012. Le thème de cette course à pieds (NDLR : 28 000 participantes cette année là), c’était l’océan Indien. Les organisateurs nous ont choisies pour danser au pied de la Tour Eiffel (photo). Nous étions les seules à représenter Madagascar et nous en étions très fières ! »
Vous semblez très attachée à Madagascar…
« Oui. Ma sœur, ma cousine et moi sommes métisses. Nous avons toutes les trois grandi et baigné dans la culture de Madagascar. Et même si je parle mal la langue, ce pays compte beaucoup pour moi. »
La danse est-elle aussi un moyen d’exprimer cet attachement ?
« Quand on est métisse, comme nous, les Malgaches ont tendance à nous voir comme des vazaha semblables aux autres. Ils ont même du mal à croire qu’on puisse avoir des origines malgaches. Du coup, quand ils voient danser le Soma Salegy, ils sont très surpris. C’est ma manière à moi de montrer et même de revendiquer mes origines. »
Soma Salegy en images :
