Roseliane : un prénom à graver au royaume du salegy
|Etre la fille d’un roi ne fait pas automatiquement de vous une princesse. Roseliane ne le sait que trop. Son père, le grand Jaojoby, a beau être le king incontesté du salegy, elle doit se battre chaque jour pour conquérir ses lettres de noblesse. Un combat qu’elle mène entre la France et Madagascar avec avec talent et intelligence, sans renier la culture de ses ancêtres ni ses envies de modernité. A trente jours d’un grand concert à Paris, elle nous fait l’honneur de répondre à nos questions. Bienvenue à elle dans la rubrique Talents du Malagasy Club de France.

Roseliane : l’énergie, la passion et la passion du salegy (Photo Martin Cohen Congahead.com)
Le chant et la danse sont depuis toujours les deux grandes passion de Roseliane. Mais ces passions, pendant très longtemps, l’artiste les vit dans l’ombre de son père, Eusèbe Jaojoby, le seul, l’unique, le roi du salegy, véritable star, pour ne pas dire légende vivante de la musique malgache.
Alors, au milieu des années 2000, Roseliane se rend à l’évidence : si elle veut s’exprimer en tant qu’artiste à part entière, elle doit quitter le nid artistique familial. « Je voulais enfin voler de mes propres ailes, imposer ma créativité, démontrer mon professionnalisme et mon souci permanent de la perfection. »
En 2007, Roseliane, se lance donc dans la production de son propre album. Elle s’attaque aux textes et aux mélodies et, avec l’aide de musiciens, notamment de ses frères (un Jaojoby reste un Jaojoby), elle sort Gasikara, un premier disque salegy, électro et groove inspiré par son univers et ses coups de gueule. Sur la pochette, une surprise : le mot « Jaojoby » n’apparaît nulle part. Et ce n’est pas un oubli. Ni une erreur.
« Il fallait travailler dur »
« Mon nom d’artiste, c’est Roseliane. Tout simplement. C’est ma façon a moi de me faire un prénom, ce qui n’est pas facile quand on a un père avec un nom aussi célèbre ». Difficile, vraiment ? « Oui, coupe la chanteuse. Quand je jouais avec Jaojoby Junior, le groupe créé par mon père pour ses enfants et des jeunes du quartier, le public était déçu parce que le roi n’était pas là. On avait beau travailler plus dur que les autres, ça ne suffisait jamais. Si ce qu’on faisait était bien, c’était juste normal, on ne le devait qu’à notre père qui nous avait favorisé et pistonné. Voilà ce que les gens pensaient. Pour eux, nous n’avions aucun mérite. »
Les préjugés ont la vie dure et Roseliane veut y mettre un terme. « Mon père m’a transmis la passion de la musique salegy, c’est certain. Grâce à lui, j’ai toujours baigné dans cet univers. C’est un très bel héritage. Mais il ne m’a jamais fait de cadeau dans ma carrière. Pour intégrer son groupe ou celui de Jaojoby junior, que ce soit comme danseuse ou comme choriste, il fallait travailler dur. Au moins aussi dur que ceux qui n’étaient pas de la famille ! »
Aujourd’hui, donc, non seulement Roseliane peut être jugée pour ce qu’elle est, mais en plus elle est seule aux commandes de sa carrière. « Je suis libre de chanter ce que je veux, d’imaginer mes propres clips, mes tenues, mes chorégraphies… » En somme, dans sa musique, Roseliane se montre plus que jamais telle qu’elle est : moderne ET malgache.
Libre, Roseliane aime s’habiller de façon sexy
« Pendant les dix premières années, j’ai été élevée par mes grands parents, dans la brousse du nord de Madagascar. Là-bas, j’ai grandi 100% dans la culture malgache, avec les contes, les traditions, les coutumes et les croyances. Quand je suis en France et que j’écris, c’est tout ça qui me revient à l’esprit et me nourrit. En revanche, quand je suis à Madagascar, c’est davantage l’occident qui m’inspire. »
Roseliane est amoureuse de son pays. Mais en tant que femme moderne, elle aime aussi bousculer les habitudes, que ce soit par ses clips ou son style. « Je ne suis pas obligée de m’habiller de la même manière que mes ancêtres. Moi, j’aime m’habiller de façon sexy. Ce qui suscite beaucoup de préjugés et d’intolérance chez beaucoup de malgaches. Pas parce qu’ils n’aiment pas les tenues sexy -ils adorent ça- mais parce qu’ils ne supportent pas quand ce sont des filles malgaches qui les portent ! »
Celui qui fera entrer Roseliane dans le rang n’est pas né. L’artiste est trop attachée à son indépendance et à sa liberté. Et ça n’est pas près de s’arrêter. Le 5 avril, elle participe au grand concert des Divas de l’océan Indien au Casino de Paris et, dans la foulée, elle s’envolera pour Madagascar afin de préparer un deuxième album qu’elle espère voir sortir dans le courant de l’année 2015.
Le roi du salegy existe. Il s’appelle Jaojoby. La reine, elle, portera un autre nom. Pourquoi pas celui de Roseliane ?
L’affiche du prochain concert de Roseliane :
Le dernier clip de Roseliane : I’m built like that (titre à paraître sur le prochain album de Roseliane, courant 2015)
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