Lettre ouverte au président Hery Rajaonarimampianina
|Pour inaugurer la rubrique « Courriers de lecteurs« , voici une lettre ouverte adressée à Hery Rajaonarimampianina, président de Madagascar. Elle est signée par un lecteur du Malagasy Club de France, Max Fontaine, 19 ans (dont 18 passés à Mada), étudiant franco-malgache à HEC Montreal (Canada). Dans ce courrier, suite aux récentes inondations, il rappelle le plus haut personnage de l’Etat à ses responsabilités, à ses promesses et aux espoirs qu’il a suscités et suscite toujours.
« Son Excellence Monsieur le Président de la République,
Aujourd’hui, je suis triste pour vous, mais encore ô combien plus triste pour le peuple malgache. Ce peuple qui vous a offert sa confiance et dont les espoirs reposent sur vos frêles épaules. Plus que la tristesse, j’éprouve à votre égard de la pitié.
Il est évidemment dommage d’en arriver au point où des inondations catastrophiques puissent servir à des fins de récupération politique, mais la question ne se pose même pas car vous n’avez pas su saisir cette occasion. Il serait intellectuellement et patriotiquement malhonnête de remettre en cause vos multiples appels à l’aide qui sont certainement basés sur de bonnes volontés, mais la première aide dont ces malheureuses victimes ont besoin, c’est la vôtre.
En tant que Président légitime de la République, qui plus est, Chef Suprême des Forces Armées, survoler les zones inondées et faire des promesses à un peuple naïf, dans le besoin et qui vous fait confiance ne sert aucunement les intérêts du pays. Le pouvoir est entre vos mains, agissez concrètement, ne brisez pas le dernier grain d’optimisme et d’espoir qui réside au fond de chaque malgache. Aider et protéger le peuple est l’essence même des fonctions rattachées aux forces armées. Ces militaires, gendarmes ou encore policiers sont certainement à blâmer au niveau de leur manque d’éthique, mais force est de constater que s’ils ont choisi ces fonctions, c’est bien qu’un brin de patriotisme les habite. Cela vous aurait enfin permis de trouver un « ennemi commun au peuple ». Finies les histoires de xénophobie, de cogiter sur les Îles Éparses, ou de terroriser le peuple avec les « dahalo ». Les problèmes du quotidien des plus vulnérables est, et nous le découvrons actuellement, hélas, au plus près de nous. L’ennemi commun n’est ni à nos frontières, ni dans les instances internationales, mais au seuil de nos portes. « Le plus redoutable des ennemis est celui qu’on ne voit pas » citait Georges R.R Martin. L’ennemi a frappé notre pays tel un éclair sur un arbre dans le désert.
Un pays tel que le nôtre n’est jamais prêt à affronter ce type de catastrophe, et Dame Nature a choisi de frapper Madagascar au pire moment. C’est effrayant à dire, mais osons espérer que cette dure réalité puisse vous rappeler vos devoirs. Qu’enfin les intérêts des élus de ce pays ne soient plus tournés vers des idées aussi dommageables que d’offrir des véhicules neufs à chacun des députés de l’Assemblée Nationale. Vos compétences intellectuelles dont il serait difficile de douter, devraient vous permettre de réaliser que si ces douze milliards d’ariary, ainsi que le téléthon ayant fait suite au cyclone Chedza étaient bonnement utilisés pour aider les sinistrés, l’estime que se ferait du peuple à votre égard n’en serait que bénéficiaire. Qu’enfin vous puissiez retrouver votre sens des priorités comme vous l’aviez fait pour maintenir l’inflation et le cours de l’ariary à Madagascar lors de votre passage au Ministère des Finances. Qu’enfin vous vous rendiez compte qu’une lueur d’espoir brille encore dans le cœur de chaque malgache de vous voir lancer définitivement ce pays dans le développement.
Recevez Son Excellence Monsieur le Président, mes plus sincères salutations, ainsi que tous mes espoirs, je l’espère, justement fondés sur vous. »

Hery Rajaonarimampianina, président de Madagascar
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