Gwen Rakotovao, danseuse du monde

Danseuse, chorégraphe, mannequin, écrivain, photographe : grâce à ses qualités nombreuses, reconnues et réclamées, Gwen Rakotovao voyage dans le monde entier. Résumer la vie de cette artiste dans notre rubrique Talents  ressemble à un défi. Relevons-le maintenant, ici.

Gwen Rakotovao
Gwen Rakotovao
gwen rakotovao
gwen rakotovao
gwen rakotovao
gwen rakotovao
gwen rakotovao
gwen rakotovao

En provenance de Pologne et à destination de Londres avant de rejoindre New-York, Gwen Rakotovao a passé ses deux premières journées de mars à Rouen, chez ses parents. Le Malagasy Club de France a saisi cette occasion pour l’interroger sur son parcours, sur son amour pour le monde et sur ses liens avec Madagascar. Interview.

gwen rakotovao

Gwen à ses débuts !

Malagasy Club de France : Quel est votre premier souvenir de danse ?

Gwen Rakotovao : « Mes premiers cours avec ma professeur de danse classique. J’avais cinq ans et mes parents voulaient que leurs enfants pratiquent une activité sportive. Moi j’avais choisi la danse pour faire comme ma grande sœur, tout simplement. Je voyais ça comme un jeu. »

Vous avez toujours voulu en faire votre métier ?

« Non. Adolescente, je m’orientais plutôt vers une carrière d’avocate : je voulais accompagner les enfants mineurs, les défendre et leur donner une ligne de conduite. Mais en fin de compte, je me suis aperçu que le système judiciaire ne me le permettrait pas. Du coup j’étais un peu perdue. »

Et finalement, vous choisissez la danse. A première vue, ça n’a pourtant rien à voir avec le métier d’avocat…

« Mes professeurs de danse ont toujours été pour moi des modèles. Et en les observant de près, j’ai réalisé combien, avec leur travail, ils pouvaient changer la vie des enfants auxquels ils enseignaient. Or, aider les enfants, c’est ce que je voulais faire. En fait, je ne me suis pas dit : « Plus tard, je serai danseuse professionnelle ». Je me suis dit : « Plus tard, je créerai une école de danse ». A cette époque, j’étais en classe de seconde. »

En 2004, à 17 ans et votre bac scientifique en poche, vous intégrez alors une école de danse.

« Oui. J’ai rejoint l’Institut de formation profesionnelle Rick Odums, à Paris. Mon but était alors d’obtenir un diplôme de professeur de danse. »

Et en 2007, on vous retrouve à plusieurs milliers de kilomètres de là, à New-York, dans la prestigieuse école de danse Alvin Ailey. Que s’est-il passé ?

« J’ai toujours été attiré par le travail de cette compagnie. Alvin Ailey, pour moi, c’est un modèle intouchable. Et quand j’ai vu ses danseurs à Paris à l’occasion d’un festival auquel je participais, j’ai décidé de tenter le coup, de tout faire pour être acceptée dans cette école. Et ça a marché. »

gwen rakotovao

(photo Soulgem)

Mais, Gwen Rakotovao, comment fait-on pour être admis dans une telle école ?

« Il y a deux possibilités. Soit passer l’audition sur place quand on en a la possibilité, soit constituer un dossier quand on habite plus loin. J’ai évidemment choisi cette deuxième option. J’ai présenté une vidéo où on me voit réaliser des gestes techniques, de la danse classique, de la danse jazz et de l’improvisation. Et j’ai aussi joint des recommandations. C’est comme ça que j’ai été choisie. »

Vous débarquez donc à New-York. Comment se passe l’adaptation ?

« L’adaptation à la ville s’est super bien passée. Je pensais n’être là que pour un an, du coup j’étais là-bas sans pression, pour profiter simplement de toutes les choses excitantes et nouvelles que cette ville avait à m’offrir. »

Et côté danse ?

« De ce côté là, ça a été un peu plus difficile. En terme d’ambiance je veux dire. Je connaissais déjà l’esprit de compétition inhérent au milieu de la danse. Là, dans le contexte américain, c’était autre chose. Encore plus fort. Chacun tenait à sa place ! C’était compliqué, mais je reconnais que ça a aussi du bon. »

Vous pensiez ne rester qu’une année à N-Y mais, presque huit ans  plus tard, vous habitez toujours là-bas. Pour quelles raisons ?

« Finalement, j’ai suivi les cours de l’école pendant deux ans. Et en décrochant mon diplôme, j’ai obtenu un visa travail m’autorisant à exercer mon métier aux USA. J’ai trouvé un sponsor et j’ai commencé des collaborations avec des chorégraphes sur différents projets. Je suis donc restée. »

Et en 2011, vous créez la Gwen Rakotovao Company à New-York…

« Oui. J’aimais ce que je faisais, j’aimais travailler avec les chorégraphes, mais je me suis aussi aperçu que je ne m’épanouissais pas totalement. J’avais le sentiment de ne pas m’exprimer à 100%. C’est pour ça que j’ai décidé de créer la Gwen Rakotovao Company. »

gwen rakotovao

(photo ZRS Gamboa)

Là, vous gardez vos habits de danseuse, mais vous endossez également ceux du chorégraphe. Pourquoi? Un bon danseur fait-il obligatoirement un bon chorégraphe ?

« Tous les danseurs ont conscience que ni leur corps ni leur jeunesse ne sont éternels. La chorégraphie représente donc l’opportunité de continuer à travailler longtemps dans la danse. Après, tous les bons danseurs ne font pas forcément d’excellents chorégraphes et inversement. Peut-être même que c’est le contraire. Il faut bien que les choses s’équilibrent quelque part… »

Mais vous, qu’est-ce qui vous attire dans la chorégraphie ?

« J’ai toujours eu une nature timide, j’ai toujours aimé ce qui se passait en coulisse et j’ai toujours aimé mettre les gens en valeur. Je suppose que tout ceci explique cela. »

Avec la Gwen Rakotovao Company, vous bougez tout le temps, partout, dans le monde entier. Que ce soit pour des spectacles ou pour enseigner la danse. Les voyages, ça fait partie des bons côtés du métier ?

« C’est même un super bon côté, mon truc préféré ! J’apprends plein de choses, je rencontre des tas de gens, je découvre les différences culturelles. Je pense avoir toujours été ouverte d’esprit par nature donc j’en profite au maximum. »

Et qu’en est-il de votre projet d’origine : ouvrir une école de danse ?

« C’est toujours en projet, mais je n’y suis pas encore. Pour ça, j’ai besoin de m’établir. Là, je bouge trop et mon activité est pleine d’imprévus. Mais cette idée me tient toujours à cœur. »

Vous la voyez ouvrir ses portes à New-York ou ailleurs ?

« Je ne sais pas. Idéalement, j’aimerais rester à New-York. Mais côté papiers et visas, ça devient de plus en plus compliqué. Donc on verra. »

gwen rakotovao

(photo Eric Corbel)

En plus de la danse, vous avez aussi écrit un livre pour la jeunesse et publié un bouquin de photos…

« Oui. Dans mon enfance, j’ai un temps rêvé d’être journaliste ou écrivain. Quand j’étais petite, je passais mon temps à écrire ou à interviewer ma famille. Ça doit venir de là… Le livre de photos est un recueil d’images que j’avais faites lors d’un projet de danse à Madagascar. L’histoire pour les enfants m’a aussi été inspirée par un voyage à Mada. »

Madagascar justement. Vous en parlez dans toutes vos interviews et ce pays semble inspirer vos créations. Quels rapports entretenez-vous avec ce pays ?

« Mes deux parents sont nés à Madagascar, sous l’époque coloniale. Ils étaient venus en France dans l’idée de revenir au pays une fois leurs études finies, mais ils sont toujours là! Ils s’y réinstalleront probablement plus tard. J’ai donc grandi dans une famille malgache, dans la culture malgache, avec des valeurs malgaches. Il n’y a que la langue que je maîtrise mal : je la comprends mais je ne la parle pas : nos parents nous ont toujours parlé en français pour favoriser notre intégration. »

Etes-vous souvent allée à Madagascar ?

« Oui. Pendant les grandes vacances, nos parents nous y emmenaient très régulièrement. »

En quoi consiste le projet « Masimihanta » que vous menez là-bas ?

gwen rakotovao

(photo Shahiz photography)

« J’interviens au centre Ketsa de Vontovorona. Ce centre accueille des enfants défavorisés et leur apporte du soutien scolaire. Moi, j’essaye, à travers la danse, de leur transmettre des valeurs et une certaine ouverture d’esprit. En une semaine, nous parvenons à créer un petit spectacle qui donne lieu à une représentation finale et à un goûter en présence des parents. Malheureusement, ces dernières années, le projet n’a pas pu se tenir, tantôt à cause des problèmes politiques sur place, tantôt à cause d’imprévus. Mais je n’abandonne pas ! »

Ça veut dire que les Malgaches reverront bientôt Gwen Rakotovao ?

« Oui. »


 Gwen Rakotovao sur la toile :

Sa page Facebook

Son site

Le site de sa compagnie

Sa chaîne Youtube

Retrouver ici tous les autres portraits du Malagasy Club de France