Gaby Saranouffi veut développer Madagascar en dansant !

La danse : arme de conviction massive ? C’est en tout cas ce que laissent entendre les réponses données par Gaby Saranouffi aux questions qu’on lui pose. Danseuse, chorégraphe et directrice du festival I’Trotra, cette jeune femme malgache a passé sa vie et sa carrière à devoir convaincre pour avancer et vivre sa passion. Et aujourd’hui, ça continue : internationalement reconnue, elle prouve chaque jour un peu plus, arguments à l’appui, que la danse contemporaine a une place et un avenir à Madagascar. Portrait d’une fonceuse déterminée aussi convaincue que convaincante.

Gaby Saranouffi : aussi légère que déterminée

Gaby Saranouffi : aussi légère que déterminée

Enfant déjà, Gaby Saranouffi doit batailler dur : à peine esquisse-t-elle ses premiers mouvements de danse que son papa s’y oppose : « A l’époque, mon père était  instituteur et directeur d’une école. Et il ne voulait surtout pas que je danse. Il voulait que je me focalise uniquement sur ma scolarité. Ça a provoqué des moments difficiles entre lui et moi. Mais finalement, après un ans de combat, j’ai réussi à lui démontrer que la danse ne viendrait jamais perturber mes études. Convaincu, il a fini par céder et m’a laissé continuer à danser librement. »

Cette première victoire décrochée à l’issue d’un « combat » acharné est un cadeau du ciel pour la petite Gaby : il lui forge un caractère, lui donne de l’expérience, et surtout, lui offre le goût du succès ! Autant d’atouts utiles à une jeune danseuse. Car si Gaby Saranouffi a bel et bien gagné une bataille, elle n’a pas gagné la guerre. Bien d’autres luttes l’attendent.

gaby saranouffiLa dernière en date est d’ailleurs toujours en cours. Gaby Saranouffi, veut à tout prix offrir à la danse une place de choix à Madagascar : « Mon défi a toujours  été que la danse soit reconnue dans mon pays et que la danse contemporaine malgache soit reconnue à l’étranger. C’est un combat difficile mais on y arrive. » 

Pour atteindre cet objectif ambitieux, Gaby Saranouffi a mis au point une arme redoutable : le festival I’Trotra. « Grâce à lui,  je fais sortir beaucoup d’artistes malgaches a l’étrangers et je peux encourager les échanges entres les artistes malgaches et ceux du reste du monde. »

Gaby Saranouffi, la culture et la création d’emploi

Le développement de la danse contemporaine à Madagascar a donc des vertus culturelles évidentes, mais pour Gaby Saranouffi, les enjeux vont bien au delà de ça : « La danse, comme toute autre forme de culture, a une importante place à prendre dans le développement de Madagascar. La véritable force d’un pays, c’est sa culture. En tout cas, je sais que la contribution personnelle que j’apporte à la danse fait beaucoup en termes de créations d’emplois, notamment sur le plan touristique : beaucoup d’étrangers viennent à Madagascar pendant le festival. »

Gaby Saranouffi en est persuadée : la culture est un axe de développement essentiel pour Madagascar. Encore faut-il en convaincre ceux qui sont aux commandes du pays. « Les autorités malgaches font ce qu’elles peuvent avec les moyens qu’elles ont. Mais honnêtement, je pense qu’elles pourraient faire mieux : donner plus de moyens aux artistes et aux opérateurs culturels pour leur permettre de développer leurs activités, créer plus d’opportunités pour les artistes locaux, mieux les défendre… » 

Gaby Saranouffi

(Photo Denis Rion)

Toujours prête à exposer son point de vue, Gaby Saranouffi pousse parfois sa détermination jusqu’à passer les portes du ministère de la culture malgache pour conseiller les élus et défendre ses convictions.

A première vue, la présence d’une danseuse sur le champ des idées peut surprendre. Mais c’est mal connaître le travail créatif de Gaby Saranouffi, citoyenne sur scène comme à la ville : « Mes créations aussi sont engagées ! Je fais partie de la société quelque soit l’endroit où je vis et surtout, je suis un être sensible qui veut apporter sa contribution au développement de son pays à travers son art. Et j’ai la chance d’avoir la danse pour exprimer tout ça ! »


Alors ? Convaincus par Gaby Saranouffi ? Si oui, faites passer son message. Vive le partage ! Si non, pourquoi ?


Le prochain festival I’Trotra aura lieu du 14-26 septembre a Antananarivo et du 1er au 4 Octobre 2015 a Diego Suarez (le MCF en reparlera).


Retrouver tous les Talents du MCF.  Notamment deux autres danseuses : Gwen Rakotovao et Judith Olivia Ramanantsoa