Français ou malgache ? Quelle langue parler à ses enfants ?

Les malgaches de France ont parfois des hésitations. Ils ne savent pas toujours en quelle langue s’adresser à leurs descendance. Français ou malgache ? Ou les deux ? C’est la question posée aujourd’hui dans notre rubrique Débats.

français ou malgache

Jusqu’à sept ans, un enfant peut assimiler intuitivement deux langues (photo MCF)

Quand on est malgache et qu’on habite en France, la naissance d’un enfant suscite à chaque fois la même question : « En quelle langue vais-je parler à mon bébé ? » Et très souvent, cette interrogation suscite un débat animé auquel se mêlent le papa, la maman, la famille de l’un, celle de l’autre, la voisine qui a toujours son avis à donner et l’internet qui dit tout et son contraire. Pourtant, depuis une vingtaine d’années, les spécialistes du langage semblent unanimes : un enfant né de parents étrangers doit entendre la langue de son pays de résidence ET sa langue maternelle. Explications et témoignages.

« Moi, j’ai décidé de parler malgache à mon fils, explique Tahiry, mariée à un Français et maman d’un petit Ethan de trois ans. Ma belle-mère y était tout à fait opposée. Elle pensait que son petit fils serait complètement perdu à entendre deux langues à la maison ! Mais je n’ai pas tenu compte de son avis, et aujourd’hui, je ne regrette pas : il comprend tout ! Aussi bien le Français que le malgache ».

Un héritage culturel

Et ce n’est pas étonnant. Tahiry a eu raison de tenir tête à sa belle famille. Tous ceux qui ont étudié le bilinguisme de près ont en effet relevé la même observation : un enfant, qu’il grandisse dans le mono ou dans le bilinguisme prononce toujours ses premiers mots entre 12 et 18 mois. C’est une constante. Alors certes, jusqu’à l’âge de quatre ans, il mélangera certainement les deux langues. Mais passé cet âge, il apprendra très vite à distinguer l’une de l’autre et saura employer chacune selon les circonstances : parler en français avec un Français, répondre en malgache quand on lui parle malagasy. De plus, il donnera naturellement la priorité au français, langue qu’il parle à l’école et partout ailleurs en dehors de la maison.

On le voit, un enfant peut donc très facilement assimiler deux langues dès son plus jeune âge. Mais à quoi cela lui servira-t-il de connaître le malgache ? Quand on pose cette question aux mamans malgaches qui résident en France et qui ont fait le choix de transmettre aux enfants la langue de leurs ancêtres, la réponse la plus fréquemment donnée est liée à l’héritage culturel. Tahiry, la maman du petit Ethan, raconte notamment que la langue est pour elle un moyen unique d’offrir à son fils une identité malgache. « A part la langue, physiquement, rien ne montre qu’il est malgache, il est tellement blanc ! Parfois, des gens ne veulent même pas croire que je suis sa mère. Au moins, quand nous parlons la même langue, c’est plus visible ! »

Une ouverture d’esprit

Hari, qui habite à Paris insiste sur la notion de fierté. « Il faut que nos enfants soient fiers d’être malgaches. Je suis énervée quand je vois ma sœur malgache, mariée à un malgache, avoir des enfants 100% malgaches qui ne parlent pas même pas malgache ! Je n’aime pas ça. »

Felana est maman de deux enfants. Elle aussi ne leur parle qu’en malgache « Dans ma famille, à Madagascar, tout le monde ne parle pas français. C’est pour ça que je veux que mes enfants sachent parler malgache. Pour qu’ils puissent communiquer avec leur grand-mère, leurs oncles, leurs tantes, leurs cousins… Pouvoir parler à sa famille, garder des liens forts, c’est quand même le minimum !« 

Pour ces mères, la question ne se pose plus. Et pour celles qui hésitent encore, sachez qu’il n’est pas forcément trop tard : jusqu’à l’âge de sept ans, les spécialistes considèrent qu’un enfant peut encore apprendre une deuxième langue de façon intuitive.

Beaucoup de couples 100% français (qui n’ont pas la chance de maîtriser deux langues) l’ont d’ailleurs compris et engagent des baby-siters étrangères rien que pour transmettre une deuxième langue à leurs enfants. Pas pour des questions culturelles cette fois mais pour développer l’ouverture d’esprit et faciliter plus tard, l’acquisition de nouvelles langues à l’école ou à l’université. Décidément les avantages du bilinguisme semblent infiniment plus nombreux que les inconvénients !


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