« Cessons de pleurer après chaque élection à Madagascar »

Après lecture de l’article « Comment Madagascar a tout raté », consacré au livre de Toavina Ralambomahay, Dominique Ramarlah, membre du MCF nous  a fait parvenir ce courrier. Ce membre de la diaspora malgache, en France depuis 1982, a pris la plume pour nous donner son regard et son opinion sur quelques points qui, selon lui, freinent le développement de Madagascar. Voici sa lettre. 

"Arrêtons de pleurer après chaque élection à Madagascar"

« Arrêtons de pleurer après chaque élection à Madagascar »

« Merci à ce blog de nous partager cet ouvrage invitant à la réflexion.

Je n’ai pas encore consulté ce livre, cependant, je ne manquerai pas de l’emprunter à l’occasion de mon prochain passage à la médiathèque – encore un privilège de la diaspora ! Néanmoins, je prends le risque de vous partager le fruit de mes  pensées.

Oui, un des freins aux développements malgaches, c’est bien les privilèges. Preuve en est que même les familles modestes ont une piasa (bonne-à-tout-faire). Sommes-nous capables déjà d’abolir ce système de caste masqué ?

Ensuite, penser Madagascar sans tenir compte qu’il y a deux Madagascar (celui des villes et celui des champs !) est une erreur fondamentale. Bien que les malgaches soient composés à de 75% paysans (donc qui nourrissent le restant), il se trouve que cette majorité reste dans une situation précaire à  tous les niveaux. Ici, encore, privilège des citadins.

Au sujet de l’éducation populaire citoyenne. L’amour que portent les malgaches à la scolarisation de leurs enfants n’est plus à démontrer. Même une piasa se saignera les veines pour essayer de scolariser ses enfants dans une école « dite française » … et il n’en manque pas à Antananarivo. On sait aussi que les grandes écoles de France regorgent d’étudiants malgaches et qui sortent parmi les dix premiers… Sans parler de ceux issus des universités malgaches. Que deviennent-t-ils après ? Quelle est la place du « bien commun » à l’issue de leur cursus ? Et leur action ?
Dans ma propre famille, quand j’ai avancé l’idée d’aider les paysans à scolariser leurs enfants, je me suis fait huer ! C’est vous dire la triste mentalité, que je qualifierais d’inconsciente !

Ainsi, cessons de pleurer après chaque élection à Madagascar (les prochaines communales, par exemple) puisque la majeur partie des électeurs votent sans savoir même qui sont les candidats et encore moins leurs programmes. C’est dire l’incapacité en terme de pédagogie de nos fameux  solom-bavam-bahoaka. Titre pompeux des députés soit disant « porte-paroles du peuple » se limitant à pleurer après leur 4X4…

Enfin, je tiens à témoigner que faisant partie de la diaspora, j’ai partagé à ma famille (de mon côté et de celui de mon épouse) mon projet de retour et d’investissement à Madagascar. Tout a été fait par le biais du « consensus mou » (il y a une publication de chercheur à ce sujet, hé oui !) pour me décourager.

Une note d’espoir quand même pour clore mon kabary : allez méditer sur le film Ady Gasy si vous souhaitez voir les vrais malgaches !

Veloma à tous ! »


Dominique Ramarlah est l’auteur d‘un site consacré au peuple Bara.


Pour nous adresser vos courriers, envoyez nous un message via le formulaire de contact en indiquant « courriers de lecteurs » en objet. Certains seront sélectionnés pour publication. N’hésitez pas.

Consulter la rubrique « Courriers de lecteurs ».